Vertigo remix

HEAD Master media design
Workshop « Reactive Wall » – Camille Scherrer & Sigma6
Team : Jessica Ruch, Miguel Costa, Cristina Maria Dos Santos (and me)
Audio : Alva Noto

(quelques photos et une vidéo avec des petits soucis de couleurs et qualités)

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WTF exhibition ?! – part 01

Je suis invitée à exposer au Bon accueil à Rennes du 18 mars au 10 Avril 2011, dans le cadre du projet Lab (événement ponctuel deux fois dans l’année). Une réelle chance de ne pas perdre le fil et à la fois une nouvelle épreuve. Que peut bien exposer une étudiante en graphisme tout juste sortie des Beaux-arts de Pau ? Une question idiote mais à la fois essentielle. Écrire et annoncer ici même l’événement peut m’aider à choisir une orientation précise. Comme à mon habitude, j’aime prendre le temps de creuser une question, de me poser avec une feuille blanche et d’y noter tout ce qui me passe par la tête, partir dans tous le sens pour finalement me recentrer.

J’ai déjà été amenée à fournir des informations pour cette exposition : un titre, un visuel et un court texte. J’ai gardé le titre « WTF ?! » estimant que je n’avait pas encore bien réussi à faire comprendre ma démarche vis à vis du « bug » et du questionnement général que suggère cette expression. Même court, le texte reste vague étant donné je n’ai pour l’instant qu’une idée flou des réalisations qui seront présentées. Ce projet me fait repenser à mon DNSEP, une présentation finalement très sobre et peut-être incomplète par rapport à toute les idées et intentions que j’avais. Beaucoup de recherches n’ont pas été présentées parce qu’elles n’avaient tout simplement pas été développées et étaient difficiles à montrer telles quelles. Même les projets présentés n’avaient pas tous la mise en forme adéquate pour en comprendre toutes les particularités. Ce ne sont pas des regrets, je sais que j’ai tendance à accumuler beaucoup de choses sans en mesurer toutes le possibilités, du coup je me retrouve vite submergée, je circule au rythme des médias, très vite, ça me demande un effort de m’arrêter sur un élément et c’est d’ailleurs ce point qui m’intéresse. J’ai également peu joué la carte « média » visible lors de mon diplôme. Toute mes projections passaient pour de la vidéo alors que techniquement il n’y en avait qu’une. La seconde projection était une image au format GIF animée, et la troisième une application générative Java (Processing).

Même si l’interactivité m’intéresse j’éprouve toujours une réticence à l’utiliser à la légère. C’est attirant, ça captive ou ça impressionne mais c’est un peu trop facilement utilisé ou bien mal compris à mon sens. J’ai beaucoup d’intérêt pour les médias mais techniquement je ne m’y suis pas encore totalement plongée. Je me suis surprise à dire dernièrement que je suis du genre à attendre devant un appareil que quelque chose se passe. Et c’est bien ça, j’attends d’être surprise par nos technologies, je n’aime pas me contenter des compétences que l’on nous vante.

J’ai lu dernièrement le livre « l’Homme numérique » de Nicholas Negroponte. Datant de 1995, ce livre m’a fait bien rire et admettre que ce qui fait l’actualité technologique pour nous, n’est pas vraiment d’actualité… TV HD, écran tactile, rien de véritablement neuf. Ce qui me plait dans ce livre c’est toutes les aberrations, les problèmes liés aux médias comme par exemple les formats d’images vidéos (PAL, NTSC, 4:3, 16:9, etc.). Son point de vue selon lequel nous sommes trop obnubilé par le contenant et non par le contenu me fait sourire (on nous donne la possibilité de regarder des programmes TV de m***e mais en HD s’il vous plait !).

Comme j’ai toujours cette habitude manie de lier mes recherches et questionnements graphiques à mes lectures, peut-être que ce livre aura une légère influence sur mon prochain travail. Quand je parle d’influence il s’agit le plus souvent, plus que de grandes interrogations théoriques sur les médias, d’une réflexion à partir de simples phrases, de questions ou de remises en question, par exemple d’un terme tel que le mot « amélioration »  (cf. L’Homme numérique, p.62).

Vis à vis de l’exposition, je n’ai pour l’instant rien de décidé. Je fonctionne par élimination. La première chose à éliminer selon moi c’est la complexité. Mon DNSEP en est un exemple. J’avais beaucoup trop d’influences et de pistes de recherches en comparaison des productions présentées. En quelques mots j’avais beaucoup de choses à dire sur peu de concret. Ce n’est pas un défaut en soit mais dans le cadre d’une exposition, j’aimerais rétrécir considérablement les choses afin de ne pas noyer le visiteur dans d’innombrable références qui pourrais rendre le travail éparpillé, obscure et finalement peu attractif. Même si je me plais aujourd’hui dans mes influences purement technologiques, je tiens également à ne pas fermé mes productions aux personnes ne possédant pas ces références.

In Situ !

Rien de plus agréable que de mettre sa production en situation…

Même si cette action s’est faite un peu à la va-vite, je ne peux pas dire que ce n’est qu’un moyen d’évacuer le stress, qu’elle est totalement externe à ma démarche. Comme je l’ai déjà évoqué, par l’expression « WTF ?! » j’exprime l’étonnement et l’incrédulité. Bien que ma connaissance de cette expression soit pour moi directement liées à la culture numérique en ligne, elle n’est en fait qu’une expression anglaise familière et il me semble justement pertinent de la déplacer dans un autre contexte pour souligner les aberrations visuelles que nous subissons tous les jours. Comme on a pu me le souligner assez justement, mon action copie d’une certaine manière le comportement du virus informatique, c’est à dire la multiplication. De la même manière que l’expression « WTF ?! » peut être aujourd’hui courante sur le web, je me dis, pourquoi ne le serait-elle pas hors écran, en réaction à ce qui peut paraitre  incompréhensible, un échec, une erreur, un bug ! Une réaction spontanée, qui à un moment donné s’inscrit visuellement dans la rue comme une réponse à ce que l’on nous donne à voir. À partir de ce simple constat, de nombreux scénarios sont possibles. Le design graphique est justement ici une manière adéquate de répondre, de communiquer ma pensée, sous une forme légèrement plus sophistiquée et importante que les habituelles 3 lettres en corps 8 présentes sur le net. Ces derniers temps, au cours d’une journée ordinaire et dans des situations pourtant bien différentes, je me dis intérieurement un bonne quarantaine de fois : « WTF ?!!! »
Je ne sais pas si la contamination numérique du « wtf ? » durera, néanmoins, malgré son côté populaire et familier qui à mon sens la dévalorise, elle me semble véritablement intéressante si on considère cette expression/réaction comme une forme d’opposition. Réaction ou opposition à certains types de graphisme, modes de pensée, comportements, usages, institutions, etc. Au final, chacun peut y voir ce qu’il veut. Action/Réaction/Opposition (ou non) !



(Un grand merci à Audrey pour cette wonderful phrase qu’est « Le graphisme, c’est plus c’que c’était. » )

(Je précise que pour l’affiche de l’exposition d’Isidro Ferrer réalisée par Marion Gély, il ne s’agit pas d’une critique de l’affiche en elle-même, mais plus d’une interrogation sur sa disposition ainsi que sur le contenu de l’exposition. Et oui, c’est aussi ça le « WTF ?! », une simple question, faussement naive mais sans pour autant une mauvaise arrière pensée !)

IRL Sélection

J’essaie de prendre un peu de temps pour l’ARC Situation construite. En y réfléchissant bien, pour moi cet atelier fait directement écho à l’ARC Speaker’s Corner (intervention dans l’espace public) que j’ai suivi en 3e année à l’ESA de Lorient (le blog est malheureusement aujourd’hui H.S.). Même si nous avons ici une thématique sur le paysage et « les horizons palois », il est justement intéressant, peu importe la manière, de questionner et d’intervenir dans l’espace. Pour moi ce sont juste les conditions, la situation qui changent.

L’intervention des étudiants de l’UPPA et de Cyrille Marlin m’a finalement plutôt bien aidé. Avec l’intervention des étudiants, j’ai d’une part bien apprécié le point de vue légendaire et surnaturel, ainsi que l’aspect iconographique vue à travers les sites web des communes. A priori ces deux points de vue s’opposent, mais j’ai mon idée sur ce qui pourrait rapprocher ces deux univers distincts. Avec C. Marlin, j’ai en plus intégré la notion d’être étranger à un lieu et par extension le sentiment d’étrangeté. Il y a beaucoup d’autres choses dans son intervention qui m’ont semblé vraiment pertinente comme cette idée « d’angle mort », ce que l’on ne voit pas pour diverses raisons comme par exemple l’habitude.

Pour l’instant je ne compte pas vraiment m’aventurer hors de Pau, j’aime assez l’idée de travailler avec ce dont je dispose autour de moi. Comme C. Marlin l’avait fait à Tokyo, je compte délimiter un territoire, une zone que je peux observer quotidiennement.

Pour délimiter un espace géographique on passe habituellement par la carte, on trace un contour, une frontière. Aujourd’hui en plus de la carte papier et du crayon on a des cartes interactives et d’autres moyens d’agir sur cette image du territoire. C’est cet aspect qui m’intéresse et m’influence, considérer l’espace physique comme une image ; une image à laquelle on peut infliger toutes les manipulations possibles : sélection, détourage, rotation, renversement, découpe, fragmentation, ajout ou amputation d’éléments, redimensionnent, filtres, etc. La liste peut être longue.

L’image de sélection ci-dessus m’a fait réfléchir. Je me suis imaginée que ces rectangles noirs (signe de délimitation dans Photoshop) étaient réels, flottants dans le ciel au-dessus de nos tête.

Voir sur Google 3dwarehouse

Évidemment je ne compte pas rester à l’état virtuel c’est à dire du possible ou tout simplement à la simple image écran ou imprimée. J’aimerais à un moment donné intervenir physiquement, mais là tout n’est plus envisageable, on se retrouve face aux contraintes, règles et lois physiques ou juridiques. Ce qui me plait dans l’espace virtuel, c’est la liberté, la place laissé à l’imaginaire, au surnaturel et à l’étrange. Je peux imaginer et construire un bon nombre de situations dans divers lieux, personne ne viendra me dire quoique que ce soit, mais personne ne risque non plus de découvrir ces constructions. Alors pourquoi ne pas intégrer dans l’espace physique une part de cet imaginaire, en jouant justement sur ce qui est possible et ce qui ne restera que pure fiction, faire un lien entre univers virtuel et contraintes physiques ?

Quelques influences diverses :
http://nonmonument.com/ par Peter Baldes, Electronic Strategies Class at Virginia Commonwealth University.
Article sur Rhizome.org : http://rhizome.org/editorial/3069
http://map.isnotthemap.net/ par Les liens invisibles
– Bruno Peinado, pièces « Tetris » de l’exposition suicidal tendencies
– 2001 : L’Odyssée de l’espace, 1968, Stanley Kubrick.
Les alignements de Carnac
L’inquiétante étrangeté, Sigmund Freud, 1919.
Flatland, Edwin Abbott Abbott, 1884.