Nouvelle année, nouvelle lecture, mise à jour de ma position vis à vis de ma pratique.
En faisant des recherches documentaires sur Internet pour mon mémoire, au sujet de l’appropriation d’éléments existants (pratique dans laquelle je pense me situer), j’ai découvert un autre ouvrage de Nicolas Bourriaud, Postproduction, qui d’une certaine manière fait suite à son précédent ouvrage, Esthétique relationnelle, à laquelle je me référais déjà pour mon DNAP au sujet de la relation à l’écran. Une coïncidence ?
Ce terme de postproduction est pour moi vraiment révélateur d’une pratique actuelle que l’on retrouve partout, c’est à dire non seulement en art mais aussi dans notre quotidien où le consommateur est également producteur (exemple du zapping, des différents usages personnalisés).
N. Bourriaud y utilise des termes propre à la culture musicale (deejaying) et informatique tels que « couper », « détourer », « coller », « sampler » et « monter ». Il ne s’agit pas seulement d’une étude sur la pratique de l’appropriation, mais plutôt une analyse concernant la société comme « répertoire de formes », une sorte de base de données ou une playlist, prête à être (ré-)utilisé, ré-activer sous différentes formes, ré-habiter par de nouveaux « locataires ». Ce texte s’appuie sur des exemples d’œuvres artistiques mais je pense qu’il y a également beaucoup d’exemple dans le design graphique.
Pour N. Bourriaud, il est clair que cette pratique n’inclue pas d’originalité (les artistes n’ont pas créé les éléments qu’ils utilisent) ni de nouveauté, mais un certain regard, un point de vue de l’artiste sur l’objet, tel que l’avait déjà avancé Marcel Duchamps à travers le ready made. Nicolas Bourriaud avance ici un terme qui me fait positivement sourire, celui de « communisme formel », c’est à dire dans le sens où une œuvre pourrait venir de « l’usage qu’on en fait, autant que du sens que lui donne l’artiste ».
En introduction au 1er chapitre sur l’usage des objets, N.B. se réfère à Karl Marx, à « L’idéologie allemande » et « introduction à la critique de l’économie politique » pour avancé les notion de capital, produit, production et consommation. Là encore, cela me fait sourire car lors de mon DNAP, je citais déjà K. Marx pour, face au jury, introduire mon projet. La phrase de Karl Marx « Nous vivons dans un système d’exploitation » devenait à mon sens « Nous vivons dans un système informatisé » sans pour autant effacer la théorie de Marx. M’approprier cette phrase, était déjà une pratique de postproduction.
